Par Katrina Bouzanis, RCMTN’s EJP Ambassadeur:
Célébrer la Journée des compéte
nces des jeunes et les compétences des jeunes professionnels dans le domaine des MTN avec Agathe Allibert
En novembre 2020, j’ai commencé à travailler avec le RCMTN en tant qu’ambassadeur étudiant et jeune professionnel, avec le mandat d’engager les jeunes voix canadiennes dans la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN). Pour cette série de blogs, je parle à des dirigeants de partout au Canada de leurs efforts pour lutter contre les MTN et du rôle que les jeunes peuvent jouer dans ces efforts.
Le 15 juillet c’est la Journée mondiale des compétences des jeunes. Cette année, la Journée mondiale des compétences des jeunes célébrera la résilience et la créativité des étudiants et jeunes professionnels tout au long de la pandémie COVID-19. Certainement, il y a plusieurs étudiants et jeunes professionnels travaillant dans le domaine des MTN et qui contribue à des efforts canadiens en utilisant les compétences de STIM – sciences, technologie, ingénierie et mathématiques. Pour célébrer la Journée mondiale des compétences des jeunes, j’ai parlé avec Agathe Allibert, doctorante à l’Université de Montréal. Son travail porte sur MTN dans l’arctique canadien, un défi dans le domaine des MTN dont on ne parle pas souvent. Les MTN sont un groupe de 20 maladies que l’on trouve principalement sous les tropiques, mais certaines de ces maladies ayant une distribution mondiale beaucoup plus large qui change avec le réchauffement climatique.
Lisez l’interview ci-dessous pour en savoir plus sur le travail d’Agathe sur les MTN, comment elle a surmonté les défis dans son travail et des conseils pour les jeunes souhaitant s’impliquer dans le travail STIM ou MTN.
Q. Quel est votre parcours scolaire et sur quoi travaillez-vous actuellement?
R. Je suis actuellement doctorante au GREZOSP (Groupe de Recherche en Épidémiologie des Zoonoses et Santé Public) de la Faculté d’étude vétérinaire appartenant à l’Université de Montréal, sous la supervision du professeur Patrick Leighton. Mon sujet de doctorat explore l’impact du réchauffement climatique sur la dynamique future de la rage arctique avec des applications à la gestion du risque de rage dans l’Arctique canadien. J’utilise une approche de modélisation pour mieux comprendre les mécanismes épidémiologiques et écologiques impliqués dans la rage arctique. J’ai obtenu une maîtrise en France en 2014 en écologie, évolution et biométrie où j’ai étudié les espèces invasives. J’ai ensuite travaillé pendant deux ans sur l’île de la Réunion en tant qu’ingénieur d’études statistiques en agronomie tropicale avant de rejoindre l’équipe du professeur Leighton.
Q. Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre une carrière/un enseignement dans le domaine des STIM?
R. J’ai toujours été intéressée par le monde qui nous entoure et j’ai très vite pensé que m’orienter dans le domaine des STIM me permettrait de mieux le comprendre. Cette curiosité m’a amené à choisir un parcours scientifique lors de mon secondaire et plus tard de rentrer en faculté de biologie pour mon BAC. Ensuite je me suis passionnée pour les outils notamment de statistique et de modélisation qui nous ouvrent de nouveaux horizons en biologie et épidémiologie. Plus j’en apprends, plus j’ai envie d’apprendre !
Q. Comment vous êtes-vous impliquée dans le domaine des MTN?
R. Lors de mon premier emploi à l’île de la Réunion, je travaillais pour un organisme, le CIRAD dont la mission est de contribuer au développement rural des pays tropicaux et subtropicaux par des actions de recherche. J’y ai eu la chance de travailler auprès de chercheurs agronomes tropicaux et de chercheurs dans les MTN. Cela m’a beaucoup appris et m’a donné l’envie de m’impliquer davantage dans les maladies négligées. Venir en thèse de doctorat à l’université de Montréal était une occasion en or. En effet, la rage est une des 20 maladies considérées comme MTN par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). C’est une maladie qui touche les populations les plus déshéritées à la fois dans les régions tropicales mais aussi dans les régions arctiques, où je travaille. En effet, les populations de ces régions arctiques sont souvent éloignées des centres de santé et en moins bonnes santé que la population générale d’un même pays.
Q. Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et aux jeunes professionnels qui souhaitent faire carrière dans les STIM et s’impliquer dans le domaine des MTN ?
R. De faire preuve de curiosité et d’être ouverts d’esprit, le domaine des MTN emploie des gens avec des profils variés. N’hésitez pas aussi à collaborer avec d’autres personnes d’autres disciplines, de la collaboration naît de bonnes idées. On voit de plus en plus avec le concept « une seule santé », qu’il existe des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global.
Q. Quelle a été votre plus grande réussite dans le domaine des MTN ? Avez-vous rencontré des difficultés et, si oui, comment les avez-vous surmontées ?
R. A chaque fois que j’ai l’occasion de présenter mes travaux, c’est une réussite. Je crois très fort à l’importance de l’échange en science pour progresser. Comme la rage est une maladie des populations pauvres mais qui se retrouve dans des endroits extrêmement variés à travers le monde, l’échange entre les chercheurs de différents pays, mais aussi entre chercheurs et décideurs, est primordial pour mieux comprendre et lutter contre cette zoonose.
J’ai, au début, rencontré des difficultés pour échanger justement, je ne me sentais pas légitime mais grâce à la bienveillance des chercheurs dans le domaine des MTN et au soutien de mon directeur de thèse, j’ai réussi à les surmonter. J’ai beaucoup travaillé aussi pour me sentir plus sûre de moi et légitime lors de mes interventions !
Q. Puisque le thème de la Journée des compétences des jeunes de cette année est la résilience, avez-vous des conseils pour renforcer la résilience lorsque vous travaillez dans le domaine des STIM et des MTN ?
R. Travailler dans le domaine des STIM et des MTN peut être source de stress : cela demande beaucoup de travail, on peut se sentir en situation de compétition et être dur avec soi-même. Je conseille de s’entourer de personnes bienveillantes et positives à la fois dans sa vie personnelle et son entourage professionnel. Accepter ses limites et de pouvoir se tromper a été également pour moi un facteur de résilience.
Agathe Allibert est un étudiant doctorant de Groupe de Recherche en Épidémiologie des Zoonoses et Santé Publique de la Faculté d’étude vétérinaire à l’Université de Montréal, à Montréal, Canada.